
Escuela Especial
de Chimbarongo
Une école extraordinaire

En passant la porte de l'école spéciale de Chimbarongo, ce n’est pas une école que nous avons rencontré ; mais un lieu unique où chacun est emplie de compassion, de professionnalisme, mais surtout d’amour pour l’Homme et la vie. Ce n’est pas une surprise si le centre est un exemple pour tout le Chili ; la qualité de l’attention portée aux enfants saute aux yeux dès l’entrée dans les lieux.
Aider à grandir, le leitmotiv de l'école
La recette pour un service d’une telle qualité est complexe ; c’est un mélange de bienveillance, d’attention constante, de professionnalisme minutieux (pour ne pas dire maniaque), de courage, d’entraide et de beaucoup d’amour et d’espoir. Expliquons-nous.
L’école spéciale de Chumbarongo est une école dédiée aux enfants et adolescents jusqu’à 26 ans atteints d’un handicap mental et/ou physique trop important pour suivre le cursus scolaire classique. 60 intervenants y travaillent pour une centaine d’élèves. Oriana, la directrice nous y accueille. Chaleureuse et directe, elle nous explique le fonctionnement du centre avant de nous accompagner pour la visite. L’école se base sur un modèle « ecologico funcional » nous dit-elle, c’est-à-dire que les activités proposées dépendent de l’âge de chaque personne, « ce ne sont pas des enfants ! ».
Tel un capitaine de navire, elle veille au respect de normes strictes, à l’attention de chacun et avant tout à l’ambiance qui règne ici. La qualité de son travail crève les yeux, la bonne ambiance règne, les rires fusent et les professeurs et auxiliaires comme les élèves, ont le sourire aux lèvres. Elle met en avant l’importance d’avoir une équipe mixte, défi difficile dans un milieu habituellement occupé par les femmes.
Le succès de son école lui demande-t-on ?
« Il est dû au choix d’une méthode unique basée sur l’association d’images avec tous les éléments de l’environnement : personnes, objets, et activités ont tous leur représentations », nous explique-t-elle . « Beaucoup d’écoles expérimentent, alors que l’important réside dans le fait d’adopter un système sur la durée, pour que les élèves puissent s’y habituer et l’adopter ».
En effet, elle met en avant l’importance pour les enfants d’anticiper ce qui va se passer dans un cours ou une activité. Sans cela, beaucoup se sentent perdus et déboussolés. Le système, basé sur de petites cartes de couleurs représentants les objets et personnes, est ainsi présent dans les moindres recoins de l’école ; du cours de cuisine au bureau de la directrice.

Les fameuses cartes
Un travail titanesque et exigeant qui permet aux enfants de trouver dans cette école un environnement adapté pour comprendre le monde qui les entoure. Un peu trop protecteur, se demande-t-on avec Victorine ? La directrice est formel; le but est ici de leur permettre de trouver leur autonomie et leur place en dehors de l’école.
Pour cela le centre, en plus des cours classiques, proposent différents ateliers, que ce soit la cuisine, l’art plastique ou l'orfèvrerie. Dans la salle dédiée à la pratique de ce dernier, on découvre stupéfait le travail des élèves : boucles d'oreilles, bagues et colliers en cuivre s’entassent dans des enveloppes individuelles contenant la création de chacun. Notamment celle de Juan, qui contient deux bagues et un bracelet bien travaillés. Ne reste plus qu’à le rencontrer.

La création des élèves
La surprise est alors de taille, Juan, souriant, accepte de nous montrer son travail. Il ne peut se déplacer seul depuis son fauteuil roulant, contrôle difficilement ses mains et articule avec peines et pourtant… Grâce à de nombreux efforts et au soutien de l’école, il a pu apprendre à travailler. Victorine, impressionnante d’attention, communique joyeusement avec lui. On le voit, malgré l’effort qu’il lui faut donner pour articuler une phrase ; ce dernier comprend tout et est heureux de communiquer !
Juan est l’illustration parfaite de la mentalité positive de l’école : on se concentre sur ce que la personne peut faire, sur l’apprentissage et non sur son « degré de handicap ». Cette idée est celle du traité de l’ONU de 2006 sur l’inclusion des personnes handicapées. Adopté par le Chili, elle est à la base de la fondation de l’école en 2007.

Juan dans l'atelier d'orfévrerie
Nous poursuivons la visite avec Oriana ; celle-ci nous prévient ; le cours suivant est dédié aux personnes en situation d'handicap plus difficiles... Nous hochons la tête et la suivons dans la salle. Celle-ci est occupée par une dizaine d’élève accompagné par 2 encadrants et 1 professeur. Jusque-là rien d’alarmant.
Une élève se lève pour nous saluer, Valentina. Victorine s’approche d’elle pour lui faire la bise... et VLAN ! Une gifle bien assénée la fait reculer. Les intervenants empêchent Valentina de rééditer son geste mais le choc est là. Nous nous sommes pris une claque dans tous les sens du terme !
C’est avec intensité que l’on se rend compte de la difficulté du travail des encadrants. Combien de patience, de calme, de fermeté, de compassion et d’amour faut-t-il pour travailler avec ces élèves ? Oriana nous l’assure : « c’est une vocation » et Stefania, leur encadrante, a une force de caractère hors du commun.

Jessica (à gauche) et Oriana la directrice
L’histoire de Valentina est dure, celle-ci a perdu sa maman à dix ans. Son père ne sachant comment s’occuper d’elle, avait l’habitude de l’attacher à une chaise pour contrôler ses pulsions. Dans le centre, elle se déplace librement, joue et échange.
Le centre n’est pas seulement important pour les jeunes, il est aussi primordial pour ceux qui les accompagnent. En effet au Chili, 80% des personnes handicapées ont une personne qui s’occupe d’elle chez eux. Celle-ci est en général une femme et ce travail est non rémunérée. Ce chiffre s’élève à 97% pour les enfants. Le centre permet donc, en plus d’offrir une attention professionnelle aux enfants, de libérer les femmes qui habituellement s’en occupaient à temps plein.
Nous sortons retournés de cette rencontre. Plus qu’un centre capable de fonctionner efficacement; ce que nous avons découvert ce sont des hommes, des femmes et des enfants unis dans la joie et la bonne humeur, avec l’envie de partager et d’apprendre ensemble. Ce sont des vocations inspirantes et des forces de caractères hors du commun. Au Chili, il reste encore beaucoup de travail pour que des personnes en situation de handicap puissent avoir accès aux transports et aux infrastructures. Cependant la conscience est là et cette école est un bel exemple du travail accompli.
Je crois ainsi qu’une société capable de s’occuper ensemble de ses membres les plus vulnérables est une société qui a compris les bases de la solidarité et de l’inclusion.
Antoine, Article publié le 19 avril 2018
LES INFORMATIONS CLÉS
QUI
La Escuela Especial de Chumbarungo - Ecole financée par l'éducation Chiliène
QUOI
Ecole dédiée à l'éducation et l'insertion professionnel d'enfants âgés de 1 à 24 ans et en situation de handicap.
OÙ
Chimbarungo,,Chili
POINTS FORTS
Environnement adapté aux enfants
Une méthode originale et éthique
Un engagement: Aider à grandir
COMMENT AIDER
L'handicap est l'affaire de tous, pas besoin d'aller au Chili pour aider !
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